Собственные записки. 1835–1848 - Николай Муравьев-Карсский Страница 13

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Vous sentirez vous-męme, cher maréchal, combien il est urgent et indispensable que vous hâtiez de me soumettre les eclaircissemens que j’exige sur vos griefs contre le général Levacheff; car, si je l’ai déjŕ puni sur une simple plainte de votre part, il est juste que je lui demande raison de ce dont il est accusé, soit pour lui donner le moyen d’expliquer son inconcevable conduite, soit pour sévir contre lui d’aprčs toute la vigueur des lois. Recevez l’assurance de toute mon amitie. Nicolas. Alexandria. le 12 Juin 1835» [16].

Рапорт военного министра был почти того же содержания.

«Я бы никогда не хотел писать о таких вещах, – сказал фельдмаршал, – но если сего требуют, то напиши все и правду сущую, а в конце прибавь мое ходатайство, дабы сие было, как прошлое, предано забвению». Он был довольно равнодушен, но сказал, что был доволен отрешением Левашова. По возвращении домой я принялся писать и изготовил три письма к государю, которые и понес ему к подписи. В первых двух заключалось главное неудовольствие, говоренные Левашовым речи за столом прошедшей осенью о препятствиях, встречаемых государем в распоряжении армией, по случаю пребывания его в службе, и, сверх того, в первом приложены были подробности о несоблюдении Левашовым формы, в праздничные и торжественные дни, и о том, что он вмешивается в распоряжения, не подлежащие его управлению. В конце обоих писем было приложено ходатайство, а третье заключало только одно ходатайство о предании дела сего забвению. Фельдмаршалу не понравилось первое письмо по подробностям, в нем заключавшимся. Он подписал второе письмо следующего содержания:

«Sire!

Honoré par la gracieuse lettre de V. M. I., j’aborde avec un sentiment bien douloureux l’exposé des griefs contre le comte Levacheff que je suis réduit aujourd’hui de soumettre ŕ V. M. I.

Il circulait ici depuis deux ans le bruit, que ma présence au service embarassait V. M. I. pour les réformes, qu’elle se proposait de faire dans l’armée. Ces bruits derechef produits me parvinrent enfin l’automne dernier ŕ l’occasion de propos semblables tenus par le comte Levacheff ŕ son retour de St.-Pétersbourg, en pleine table, en presence de plusieurs généraux.

Désirant les verifier et en connaître la source, j’envoyai aussitôt le général Karpoff pour lui en demander des éclaircissements. Le comte Levacheff renia d’abord ses paroles, mais aprčs en avoir entendu nommer les témoins, il en convient. Quelques jours aprčs il vient s’expliquer et me communiquer, qu’il avait effectivement entendu plusieurs fois dire par V. M. I. que ma présence au service l’embarassait et qu’elle désirait me voir en retraite, mais que néanmoins V. M. I. ne 1’avait pas chargé de me le faire parvenir.

Je répondis alors au comte Levacheff que je ne me propose pas de quitter le service sur des clameurs publiques de ce genre et que j’y resterai jusqu’a ce qu’il plairait a V. M. I. de me signifier sa volonté sur cet article.

Je pensai que si V. M. I. avait jugé ŕ propos de ne plus me garder, ou bien d’abolir l’état-major de l’armée, dont la dépense pouvait ętre sensible ŕ l’état, elle ne douterait jamais aprčs mes longs services, combien je serais pręt ŕ seconder ses voeux. Je considerai que si Votre Majesté Impériale avait effectivement énoncé ŕ ce sujet quelques idées au comte Levacheff pour lui donner l’ordre de me les communiquer, d’autant plus n’avait-elle jamais pu l’autoriser ŕ répandre des entretiens confidentiels en public d’une maničre si offensante.

Je vis donc dans ce procédé du comte Levacheff beaucoup d’indiscretion, une absence totale d’égards pour le poste que j’occupe et de l’animosité pour ma personne, dont la présence lui semblait ętre ŕ charge. Ces bruits indifféremment répandus parmi mes subordonnés ne convenaient pas sous le rapport des égards qu’on doit aux superieurs; ils convenaient encore moins parmi les habitans d’ici trop portés par leurs dispositions malveillantes ŕ se rejouir de tout mésentendu entre les autorités et du discredit des fonctionnaires apostes par la volonté de V. M. I. Je m’abstenais alors de le soumettre ŕ V. M. I. dans l’espérance qu’une conduite plus reservée de la part du comte Levacheff mettrait fin ŕ ces dissensions d’un résultat toujours désagreable.

J’ai exposé mes principaux griefs contre le comte Levacheff. Je conviens du tort que j’ai eu de n’en avoir pas prévenu ŕ tems V. M. I.; mais qu’il me soit permis de vous supplier, Sire, en considération de mes soixante-dix années de service et de mes chevaux blancs, de ne donner aucune suite ŕ cette malheureuse affaire et de livrer ŕ l’oubli le cri d’indignation qui m’a été arraché par les circonstances et le procédé du comte Levacheff envers moi dans la personne du général Karpoff, – procedé, dont je ne me croyais plus en droit de faire les détails devant V. M. I. Au terme de ma carričre et au bord du tombeau je ne désirerais pas mourrir avec le regret de n’avoir pu éviter ŕ V. M. I. les soucis d’un cas imprévu. Je désirerais que le pardon et non la justice accompagne mes derniers pas et marque ma retraite du service et de la vie.

J’ai l’honneur d’ętre avec le plus profond respect

et une entičre soumission, Sire, de V. M. I.

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